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Les résolutions aident le Mouvement à se préparer pour l’avenir

« L’éducation est un droit humain fondamental qui, par ordre d’importance, intervient juste après l’accès à l’eau, à la nourriture et au logement. Elle est aussi un facteur clé de changement et de renforcement des capacités. » Reste que c’est un domaine sous-financé dans les situations d’urgence, et que les besoins connexes sont loin d’être satisfaits.

Toutefois, après l’adoption par le Conseil des Délégués d’une résolution sur l’éducation humanitaire et les besoins humanitaires dans ce domaine, le Mouvement dispose maintenant d’orientations claires pour combler ces lacunes.

Durant les débats, les délégués ont souligné le fait que les catastrophes, les conflits et les crises ont un double impact sur la vie des enfants et des jeunes adultes, qui subissent d’abord les effets de la situation d’urgence, puis l’interruption de leur éducation.

« Après une catastrophe, l’une des premières questions que je pose, c’est : “Vos enfants sont-ils scolarisés ? » Eh bien, j’attends avec impatience le jour où on me répondra plus souvent oui que non », a dit un délégué.

Présentant la résolution intitulée « Répondre aux besoins en matière de santé mentale et de soutien psychosocial », la présidente de la Croix-Rouge suédoise, Margareta Wahlström, a dit que les recherches conduites par le Mouvement – dont les informations collectées dans le cadre de l’atelier très fructueux qui s’est tenu ce matin – montrent qu’il n’y a pas de chevauchements dans la couverture des programmes mais que, par contre, il existe de nombreuses lacunes qui ne cessent de se creuser.

Le directeur général du CICR, Yves Daccord, a dit que les besoins sont immenses et ont un impact considérable. « Cette résolution nous demande de placer la santé mentale et le soutien psychosocial au centre de notre action collective. Cette question ne doit pas être considérée comme accessoire, elle est au cœur des activités que nous menons dans le domaine de la santé. Nous entendons rationnaliser notre approche avant d’amener les États à l’intégrer, car le Mouvement ne pourra pas tout faire seul. »

S’agissant de la santé physique cette fois, une résolution intitulée « Vers une approche du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge face aux épidémies et aux pandémies » a été présentée conjointement par le docteur Julie Lynn Hall de la Fédération internationale, Pascal Hunt du CICR et Augusta Kumba Charles, une volontaire de la Croix-Rouge de Sierra Leone.

« Nous joignons nos efforts, car c’est ce que nous tous, en tant que Mouvement, devrons faire en cas d’épidémie future », a dit le docteur Hall au nom du trio.

« Les épidémies se déclarent et se terminent dans les communautés, ont-ils dit, et les communautés ont un rôle essentiel à jouer dans la prévention, la détection et l’intervention. »

Gustavo Lara Tapia (Croix-Rouge dominicaine), Emmanuel Kouadio (Croix-Rouge de Côte d’Ivoire) et Yves Daccord (CICR) ont présenté la résolution sur l’élaboration d’une Stratégie de rétablissement des liens familiaux, qui se félicite de la création d’un groupe de travail chargé de la mise en œuvre d’un code de conduite et appelle toutes les composantes du Mouvement à intégrer les dispositions de ce code. S’exprimant au nom de 21 Sociétés nationales, Emmanuel Kouadio a souligné le fait que « cette résolution ouvrira la voie à l’adoption en 2019 de la résolution qui inscrira le Mouvement dans l’avenir ». La Croix-Rouge portugaise a ajouté que « les compétences les plus pointues sont déjà exigées des spécialistes du RLF sur le terrain et que ces outils faciliteront leur travail ».

Knut Dörmann (CICR) a présenté la résolution sur le droit international humanitaire. Alors que nous célébrons le 40e anniversaire des Protocoles additionnels, la résolution réaffirme le mandat du Mouvement s’agissant d’encourager les États à adopter les instruments de DIH existants et à participer activement au processus intergouvernemental en cours. La Fédération internationale a souligné l’importance de préserver « l’intégrité de la Conférence internationale en tant qu’instance suprême du Mouvement et d’éviter toute politisation en créant un organe dans lequel tous les membres ne seraient pas représentés ». Plusieurs Sociétés nationales ont pris la parole pour saluer le rôle essentiel joué par le CICR, ainsi que l’ajout de dernière minute d’une mention sur l’importance des Commissions nationales de DIH.

Dans leurs remarques de clôture du Conseil des Délégués, Peter Maurer, président du CICR, et le Dr Kerem Kinik, vice-président de la Fédération internationale et président de la Société du Croissant-Rouge turc, sont revenus sur les grandes avancées réalisées pendant les réunions pour aider le Mouvement à se « préparer pour l’avenir ».

Le président Maurer a remercié le Dr Kinik, ainsi que les volontaires et les employés de la Société du Croissant-Rouge turc, pour leur accueil, leur amabilité et l’excellente organisation du Conseil des Délégués, du Forum CR2 et de l’Assemblée générale de la Fédération internationale, qui se sont déroulés dans un bon état d’esprit.

Des paroles aux actes : engagement communautaire et redevabilité dans la pratique

Trois groupes d’intervenants du Mouvement ont examiné les moyens de mettre en œuvre l’engagement communautaire dans le cadre de cet atelier qui a attiré de très nombreux participants le 11 novembre.

Pat Laberge, de la Société canadienne de la Croix-Rouge, a dit que le Mouvement pratiquait déjà l’engagement communautaire, mais que « le véritable défi est de le faire dans les situations de crise immédiates, lorsque les organisations arrivent de l’étranger et que les opérations démarrent dans l’urgence. C’est dans ces moments que la Société nationale joue un rôle clé puisqu’elle comprend les besoins et que les communautés lui font confiance ».

Les participants se sont penchés sur différents exemples, comme le Yémen et le Soudan du Sud, lesquels montrent que les volontaires et les communautés dans leur ensemble doivent être associées aux décisions relatives aux types d’assistance et à la façon dont l’aide devrait être fournie pour répondre aux besoins.

Shwe Cin Myint, de la Croix-Rouge du Myanmar, a notamment expliqué que sa Société nationale avait pris conscience de la frustration des femmes déplacées concernant les trousses d’hygiène distribuées et les avaient modifiées, les appelant désormais « trousses pour la dignité ».

Mawra Mahmood, de la Croix-Rouge de Norvège, a relevé qu’il restait encore beaucoup à faire : « Nous parlons toujours d’intégrer les jeunes – les communautés que nous servons sont d’ailleurs plus jeunes qu’avant –, mais rien ne change. Nous sommes dans notre bulle et nous parlons un jargon que les communautés ne comprennent pas. Faisons-nous vraiment l’effort de localiser notre action ? »

Armes explosives + zones habitées = danger

L’utilisation massive d’armes explosives dans les zones urbaines a des effets dévastateurs sur la population, les services de santé et les infrastructures essentielles. Elle expose aussi le personnel et les volontaires du Mouvement à d’immenses risques.

C’est le constat brutal qu’a dressé Bernt G. Apeland, secrétaire général de la Croix-Rouge de Norvège, lors d’un atelier sur l’emploi d’armes explosives dans les zones habitées.

Kathleen Lawand, cheffe de l’Unité armes du CICR (Division juridique), a indiqué que l’objectif de l’atelier était de sensibiliser les participants au fait que l’utilisation de ces armes dans des environnements urbains était devenue la « nouvelle norme ».

« Le Mouvement et le CICR appellent les belligérants à s’abstenir d’employer des armes explosives à large rayon d’impact dans des zones habitées », a-t-elle ajouté.

Samuel Paunila, conseiller en matière d’élimination de munitions au Centre international de déminage humanitaire de Genève, a expliqué dans sa présentation que de nombreuses armes hautement explosives sont conçues pour avoir des effets étendus et représentent donc un danger important pour les civils et les infrastructures civiles.

Préserver l’indépendance, la neutralité et l’impartialité face aux réponses des États et aux réactions du public aux défis mondiaux contemporains

Le président de l’atelier, M. Werner Kerschbaum, secrétaire général de la Croix-Rouge autrichienne, a demandé aux participants de se pencher sur les politiques gouvernementales et l’opinion publique concernant la migration et sur la façon dont elles s’influencent mutuellement ; sur les politiques menées par les États et les Nations Unies pour prévenir ou combattre l’extrémisme violent ; et sur la contribution du Mouvement à la lutte contre la xénophobie et la discrimination.

Les intervenants Balthasar Staehelin (CICR), Fatima Gailani (Fédération internationale) et Otillia Anna Maunganidze (Institute for Security Studies) sont revenus sur le riche débat qu’ont tenu les participants du Mouvement pendant l’atelier.

« J’ai entendu des participants souligner l’importance des Principes fondamentaux, et la nécessité d’exercer au mieux le rôle d’auxiliaire – de trouver un équilibre entre les principes et le statut d’auxiliaire », a déclaré M. Staehelin.

Mme Gailani a ajouté : « Les Principes fondamentaux sont nos piliers, ils guident notre action, mais nos activités dans un pays dépendent de notre rôle d’auxiliaire. Nous devons nous préparer et renforcer nos capacités. Et les Sociétés nationales doivent avoir une base juridique solide. »

Mme Maunganidze a parlé des Sociétés nationales et de la question délicate de la lutte contre l’extrémisme : « La priorité devrait être de prévenir la violence et d’établir des systèmes pour réduire la marginalisation et la stigmatisation – et si vous combattez l’extrémisme dans le même temps, c’est encore mieux. »

Le rétablissement des liens familiaux au XXIe siècle

Il n’y a pas de meilleur moyen d’attirer l’attention sur le thème du rétablissement des liens familiaux (RLF) que de le faire à travers les yeux et avec les mots de deux personnes réunies après quatre longues années de séparation.

Saleh Musa Adam et son épouse Nafisa Adam Abdi ont été séparés lorsque la guerre a éclaté en Libye en 2011 et sont restés sans nouvelles l’un de l’autre.

« J’ai cru que jamais je ne reverrais mon épouse vivante », a expliqué Saleh aux nombreux participants à l’atelier sur le RLF au XXIe siècle. Grâce à la Croix-Rouge britannique et au CICR – ainsi qu’au Réseau des liens familiaux –, les deux époux se sont heureusement retrouvés.

« Ce témoignage illustre le pouvoir de notre action. Des millions de personnes attendent notre aide », a dit Gustavo Lara, directeur général de la Croix-Rouge dominicaine qui a co-présidé l’atelier.

Et qu’en est-il de l’avenir du RLF au XXIe siècle alors que le Mouvement élabore une nouvelle stratégie ?
De l’avis général, il est nécessaire de mettre à profit les nouvelles technologies pour répondre aux attentes grandissantes des membres des familles séparées, tout en reconnaissant les risques en matière de protection de la vie privée et de protection des données.

« Nous devons saisir l’occasion de montrer la valeur du Réseau des liens familiaux et le pouvoir du Mouvement en tant que réseau mondial ancré dans les communautés locales », a déclaré Florence Anselmo, cheffe de l’Agence centrale de recherches du CICR et présidente du Groupe de mise en œuvre de la Stratégie RLF.

Aligner les activités menées par le Mouvement dans le domaine de la santé mentale et du soutien psychosocial

Les besoins en matière de santé mentale et de soutien psychosocial dans les situations de conflit et de catastrophe font actuellement partie des « questions humanitaires brûlantes ».

« Il s’agit de cicatrices et de blessures qui ne sont pas vraiment visibles », a indiqué Margareta Wahlström, présidente de la Croix-Rouge suédoise et présidente de l’atelier intitulé « Répondre aux besoins en matière de santé mentale et de soutien psychosocial ».

Dans le cadre cet atelier, les participants ont reconnu les lacunes et les chevauchements qui existent dans les activités menées dans ce domaine alors que le Mouvement progresse dans l’élaboration d’un cadre de politique commun visant à harmoniser les approches existantes.

Elhadj As Sy, secrétaire général de la Fédération internationale, a noté l’importance de prendre en considération les besoins des membres de notre personnel « qui connaissent les mêmes souffrances que les personnes auxquelles nous venons en aide ».

Dans ses remarques de clôture de l’atelier, Yves Daccord, directeur général du CICR, a exhorté les participants à contribuer à combler les lacunes grandissantes en matière de santé mentale et de soutien psychosocial. « Cette question ne doit pas être considérée comme accessoire, mais comme un aspect essentiel de notre action », a-t-il déclaré.

Un atelier explore le lien entre le respect des emblèms et la protection des agents de santè

Les récits arrivaient de presque tous les coins du monde. Des agents de santé tués. Des hôpitaux et des dispensaires cibles de bombes ou de tirs d’obus. Des ambulances bloquées à des barrages routiers ou touchées par des balles.

Les attaques étaient toutes différentes, mais elles présentaient une constante : elles avaient eu lieu alors que les agents, les installations ou les véhicules arboraient clairement l’emblème de la croix rouge ou du croissant rouge.

M. John Lobor, secrétaire général de la Croix-Rouge du Soudan du Sud, est du nombre de ceux qui ont fait part de leur expérience. « Généralement, l’emblème et le logo de la Croix-Rouge du Soudan du Sud sont respectés dans tout le pays », a déclaré M. Lobor, l’une des quelque 200 personnes qui ont participé à l’atelier sur le lien entre le respect des emblèmes et la protection des soins de santé, des blessés et des malades.

Les intervenants et les participants ont parlé des efforts qu’ils déploient pour prévenir de telles attaques et de tels abus – des activités de sensibilisation comme des représentations théâtrales aux actions de persuasion visant l’adoption de lois et d’accords mondiaux qui protègent les emblèmes et les personnels des services de santé, en passant par la formation aux premiers secours et les réunions avec les porteurs d’armes.

Suggested Tweets

Au quotidien, les travailleurs humanitaires sont souvent exposés aux traumatismes, aux blessures, voire à la mort.  La #Croix-Rouge et le #Croissant-Rouge intensifient les efforts visant à répondre aux besoins psychosociaux des volontaires et du personnel. #PouvoirdelHumanite

FAIT : chaque année d’éducation réduit les risques de conflit armé de +/- 20% (@WorldBank). La #CroixRouge et le #CroissantRouge s’engagent à renforcer l’éducation pour bâtir des communautés plus sûres et prospères. #PouvoirdelHumanite