>

Assemblée générale, 6 novembre 2017

Monsieur le Président de la République de Turquie, chers amis et hôtes turcs,

Chers amis de tout le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge….

…. au Comité international de la Croix-Rouge,
…. dans les 190 Sociétés nationales,
…. et à la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge qui les sert toutes et dont je suis fier d’être le président,

…. merci pour cette tribune d’où je m’adresse à vous aujourd’hui.

Mesdames et messieurs, ce matin, mon message porte sur les avantages et les inconvénients de l’âge, et sur l’impérative nécessité d’évoluer avec le temps.

C’est le message de quelqu’un qui a rejoint le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge il y a plus de 50 ans, quelqu’un qui chérit cette organisation et tout ce qu’elle représente, et dont le premier principe – le principe d’humanité – est au sommet de tous les principes.

C’est le message de quelqu’un qui tire une immense fierté de tout ce qui définit la Croix-Rouge et le Croix-Rouge : le pouvoir de leur marque, l’immutabilité de leurs Principes fondamentaux, l’héritage de l’action centenaire de la Ligue et de la Fédération et de celle, plus ancienne encore, du Comité international de la Croix-Rouge et de certaines Sociétés nationales.

Tout cela représente tout ce que nous sommes et tout ce que nous devons être en tant que Fédération et que Mouvement, tandis que nous nous préparons pour le XXIe siècle.

Je suis immensément fier de tant des actions qui ont été menées pendant ma présidence. Non seulement de celles qui ont fait les gros titres – Haïti, Fukushima, l’Ebola, Zika, la Syrie, les inondations, le phénoménal soutien aux migrants dans de nombreuses régions du monde – mais aussi celles qui sont inlassablement conduites au quotidien dans les communautés du monde entier.

Pourtant, il y a bien sûr un « mais ». Ces merveilleuses réalisations ne veulent pas dire grand-chose si nous ne nous adaptons à un monde qui évolue rapidement et aux menaces qu’il fait peser non seulement sur ceux que nous servons, mais aussi sur nous. Il y a une vision romantique de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge avec laquelle je m’identifie. Elle est précieuse, mais elle n’est pas, en soi, suffisante.

Je vais maintenant parler un peu de chacun de ces défis et de chacune de ces menaces. Ce sont, en quelques mots, premièrement, notre unité ; deuxièmement, notre force véritable au niveau des Sociétés nationales ; troisièmement, la force et la taille de notre base de volontaires ; quatrièmement, la façon dont nous gérons les ressources qui nous sont confiées ; et cinquièmement, la qualité et l’ampleur du travail que nous faisons avant – et pas seulement quand une catastrophe frappe et après qu’elle a frappé.

Chers amis, ce sont là des questions véritablement critiques.

Notre magnifique Fédération, qui a touché la vie de 160 millions de personnes vulnérables l’an dernier, doit s’y attaquer alors qu’elle commence à définir son avenir pour la prochaine décennie, avec la Stratégie 2030 et davantage.

Et je suis convaincu que le président Maurer m’appuiera et dira qu’elles concernent tout notre Mouvement.

Premièrement, notre unité.

On a souvent dit que les millions de personnes en détresse auxquelles nous venons en aide ne font pas la distinction entre les différentes composantes du Mouvement, et entre ce que chacune d’elles fait ou ne fait pas dans les situations de conflit ou de catastrophe. Elles ne voient que la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge, qui sont là – souvent intégrés dans leurs propres communautés – pour les aider.

Notre réalité particulière, c’est, bien sûr, que les catastrophes, qu’elles soient naturelles ou causées par l’homme, ne peuvent pas toujours être séparées et, disons-le, que nous ne pouvons pas être séparés. C’est pourquoi je me félicite de notre bonne coopération – notamment, des appels conjoints que nous avons lancés au Népal, au Nigéria, au Yémen, en Somalie, au Myanmar, ainsi que de notre diplomatie humanitaire conjointe dans domaines comme les armes nucléaires et la migration.

C’est pourquoi je salue la manière dont nous avons travaillé ensemble à la préparation de cette Assemblée, du Forum CR2, qui s’est tenu jeudi, et du Conseil des Délégués, qui nous réunira vendredi et samedi. Nous sommes plus forts quand nous travaillons ensemble.

Deuxièmement, je tiens à mettre en évidence notre force véritable, qui se situe au niveau de nos Sociétés nationales.

Nombre de Sociétés nationales sont fortes – et autant, selon leur propre estimation surtout, le sont moins. Certaines sont bien financées ; d’autres manquent sérieusement de financements. Certaines ont de très grandes capacités, d’autres n’ont pas le même niveau. Certaines sont actives sur le plan international, mais léthargiques sur le plan national.

Il est parfaitement naturel que toutes les Sociétés nationales n’accomplissent pas leurs fonctions au même niveau, mais il est impératif que nous nous entraidions et que la Fédération favorise et appuie un processus qui appartient aux Sociétés nationales elles-mêmes. Le renforcement des capacités des Sociétés nationales est notre priorité absolue. Là encore, il est de la plus haute importance que nous poursuivions cette tâche collectivement. Nous ne pouvons pas nous targuer d’avoir une présence nationale partout dans le monde si cette affirmation ne résiste pas à un examen attentif : nous ne sommes forts que si toutes nos composantes le sont.

Troisièmement, il convient de mentionner la force et la taille de notre base de volontaires.

Nous débattons toujours de sa taille : nous disons qu’il y a « jusqu’à 17 millions de volontaires ». Le chiffre peut être plus élevé, si nous prenons en compte chaque volontaire possible dans chaque situation. Il peut être plus bas, si nous examinons les effectifs en baisse des volontaires et la disparité de leur répartition.

Chers collègues, risquons-nous de perdre nos précieuses forces vives ? Les volontaires nous définissent et nous devons enrayer la diminution de leurs effectifs.

Nous savons que le défi va au-delà de simples chiffres. Nous devons mieux entretenir l’engagement des volontaires. Nous devons les soutenir dans les droits et les responsabilités qui sont énoncés dans la Charte des volontaires dont débattra l’Assemblée générale de la Fédération.

Qui plus est, chers amis, nous devons les protéger. Beaucoup trop d’entre eux – déjà plus de 30 cette année – ont donné leur vie au service de l’humanité. Ces volontaires et leurs proches sont à jamais dans nos cœurs. Nous appelons de nouveau à la protection des travailleurs humanitaires et au respect du droit international humanitaire. Redisons tous ensemble le hashtag #NotATarget.

Quatrièmement, je tiens à aborder la manière dont nous gérons les ressources qui nous sont confiées.

Nous sommes financés principalement par des particuliers qui croient en nous et par des gouvernements qui croient en nous. Certains gouvernements ont pris des dispositions en vertu desquelles ils versent l’équivalent des montants collectés auprès des particuliers. C’est une manifestation extraordinaire de confiance et de bonne intention.

Nous devons tous – chacun d’entre nous – nous attacher à protéger nos précieuses ressources et à faire en sorte que chaque franc, chaque centime et chaque don parviennent à ceux qui en ont le plus besoin. Chacun d’entre nous doit s’engager fermement à faire preuve du plus haut degré d’intégrité possible.

L’intégrité est le pilier de notre marque et de notre acceptabilité dans le rôle de champions de la localisation que le Sommet humanitaire mondial de l’an dernier nous a reconnu. Cette confiance est absolument indispensable.

Cinquièmement, pour terminer, il convient de parler de la qualité et de l’ampleur du travail que nous faisons avant – et pas seulement quand une catastrophe frappe et après qu’elle a frappé.

Ces dernières années, nous avons affecté au moins 10 % de chaque appel d’urgence que nous avons lancé à la préparation aux catastrophes. La préparation aux catastrophes semble être une vieille rengaine, peut-être éculée – mais si nous la rabâchons, c’est parce que même si nous en faisons nettement plus qu’auparavant, il reste encore un long chemin à parcourir.

Le fait est que nous connaissons la plupart des réponses à la famine, aux maladies, aux inondations, aux tremblements de terre, aux déplacements de populations – et pourtant nous ne sommes pas toujours préparés lorsque les catastrophes surviennent et, trop souvent, les réponses ne sont pas mises en œuvre. Nous ne pouvons pas attendre jusqu’à notre prochaine Conférence internationale, dans deux ans, pour régler ce problème – nous devons le faire maintenant.

Je reviendrai sur certains de ces points cet après-midi, dans mon discours sur l’état de la Fédération.

Mais maintenant, je dis simplement que les grandes choses qui sont arrivées jusqu’à présent compteront bien peu si une nouvelle génération ne place pas sa foi dans le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et ne le prépare pas pour l’avenir.

Des centaines de millions d’êtres humains ont besoin de nous – faisons tout ce qui en notre pouvoir pour leur bien, nous notre bien et « pour le pouvoir de l’humanité ».

Merci.